mercredi 17 février 2010

Covoiturage: revue de presse

12/02/2010: l’Alsace Guebwiller
Transport: Faire le plein de sa voiture
À cinq dans une voiture, l’ambiance peut vite devenir conviviale. Ce mode de déplacement à plusieurs demande juste un peu d’organisation. Archives Jean-Marc Loos
À l’heure où le prix du carburant reprend son ascension, certains s’organisent pour se déplacer autrement. En l’absence de bus ou de train, le covoiturage et l’autopartage sont deux idées intéressantes qui pourraient faire du chemin dans l’arrondissement de Guebwiller.
La voiture, quand on en a une, coûte cher : essence, amortissement, pneus, révision… chaque dépense s’ajoute à la précédente. Pire, « être propriétaire d’une voiture, ça rend bête : on ne réfléchit plus à comment on pourrait faire sans », assure Jean-Baptiste Schmider, responsable de l’association Auto’trement, qui pratique l’autopartage. Dans ces conditions, autant inventer d’autres modes de déplacement !
C’est pour cette raison que les Verts et le Collectif citoyen de Guebwiller ont organisé, fin janvier, une soirée d’échanges consacrée aux modes de déplacements alternatifs. En l’absence de train ou de bus, il y avait le bon vieux stop ; il y a désormais le covoiturage et l’autopartage (lire l’encadré). Ils poursuivent ainsi leur réflexion sur les modes de déplacements collectifs. Pour les aider dans cette démarche, ils avaient invité Jean-Baptiste Schmider et Mylène Laroche, la fondatrice du site « Passemeprendre.com », qui fait la promotion du covoiturage.
Prendre des gens à son bord ou monter à bord d’une autre voiture, tout le monde en parle et nombreux sont ceux qui trouvent l’idée géniale : c’est moins de voitures, moins de pollution, moins de dépenses… Mais qui le pratique si ce n‘est l’étudiant sans le sou ?
« Le covoiturage et l’autopartage ne sont que des compléments aux transports collectifs »
Mylène Laroche est allée jusqu’à travailler avec un psychologue pour identifier les freins à cette pratique. Déjà, il faut oser ouvrir sa porte à un inconnu (ou inviter cet inconnu à s’asseoir près de soi). Outre cette peur de l’autre, il y a la promiscuité dans l’habitacle, qui pousse à partager un minimum d’intimité. Une démarche pas toujours facile le soir, après le travail ! Mais, il arrive aussi de tomber sur des gens sympas. Il y a moins de réticences à l’autopartage mais ce système demande beaucoup plus de gestion, liée à la location à la demande. Et ce système reste intéressant pour des déplacements occasionnels ou ponctuels. Il est même possible d’adapter la taille de la voiture à ses besoins du jour… Dès qu’il y aura 10 adhérents à Guebwiller, l’association Auto’trement est prête à installer une station dans la ville.
Néanmoins, nombre de conducteurs restent viscéralement attachés à leur sacrosainte voiture. « Chacun rentre chez son automobile », chantait déjà Nougaro dans Paris mai, en… 1968 ! Penser autrement, s’organiser autrement, c’est sûrement là le plus gros des obstacles.
« Nous sommes bien conscients qu’il y a plein de freins à lever, en particulier ceux des habitudes. Et ce n’est pas non plus la panacée : le covoiturage et l’autopartage ne sont que des compléments aux transports collectifs », reconnaît Patrice Knorr, président du Collectif citoyen. « Mais nous sommes convaincus qu’il y a des choses à faire », ajoute-t-il aussitôt.
Au Conseil de développement du Pays Rhin-Vignoble-Grand Ballon où il siège, il préside d’ailleurs une commission qui travaille à la mise en place d’un site internet dédié au covoiturage, dans le cadre du plan climat. « Actuellement, chaque collectivité essaye de monter son site. Ce n’est pas suffisant. L’idéal serait de regrouper les demandes et les offres en transport sur un site unique en Alsace, qui pourrait être du ressort de la Région. » Voilà pour les modalités de fonctionnement et une idée lancée aux futurs élus.
Reste à convaincre. Pour cela, rien de mieux que le bâton de pèlerin. « Nous allons rencontrer des chefs d’entreprise, des salariés, pour les convaincre de l’utilité de ces modes de transport », souligne Patrice Knorr, qui aimerait que des salariés d’entreprises différentes arrivent à s’organiser. « De toute façon, la voiture va nous coûter de plus en plus cher. Nous devons anticiper la prochaine hausse car c’est intolérable de voir des budgets amputés à ce point pour simplement aller gagner notre vie ! »
Il cite aussi plusieurs exemples européens qui témoignent de l’inventivité des citoyens. Par exemple, en Belgique, il existe des stations de covoiturage où les gens se postent et où les voitures s’arrêtent. Ailleurs, certains cherchent à utiliser les GPS pour mettre en relation les personnes intéressées pour prendre quelqu’un à leur bord ou pour embarquer dans la voiture d’un autre. À Guebwiller, une bourse au covoiturage permettra peut-être aux plus audacieux de faire le premier pas.
« S’il y a moins de voitures, on pourra recréer des espaces de vie »
Au-delà des aspects pratiques et économiques, les Verts et le Collectif citoyen évoquent un enjeu de société : « S’il y a moins de voitures, il y aura moins de pollution. Mais aussi, on ne sera plus obligé de construire des parkings et des garages en pagaille. On pourra recréer des espaces de vie, des lieux de convivialité où l’homme aura sa place », répète Patrice Knorr.
Et de pousser la réflexion encore plus loin : « Il nous faut aujourd’hui, dans la vallée du Florival, une vraie politique de transport en commun, que ce soit via le tram-train ou le TER. Sinon, des personnes vont se retrouver dans des situations dramatiques ou elles quitteront la vallée. J’espère que les futurs élus auront le courage de faire ce qui n’a encore pas été fait. »

Élise Guilloteau

CONTACTER Association Auto’trement 24, rue du Vieux Marché aux Vins 67000 Strasbourg, Tél. 03.88.237.347, www.autotrement.com et promotion du covoiturage sur

SE RENSEIGNER Auprès de Patrice Knorr, président du Collectif citoyen de Guebwiller, Tél. 06.85.10.16.99.
Définitions
Covoiturage : ce sont des gens qui partagent une voiture qui appartient à l’un d’eux, bien souvent sur des trajets réguliers, entre leur domicile et leur lieu de travail par exemple.
Autopartage : tel qu’il est pratiqué par l’association strasbourgeoise Auto’trement par exemple, est un service de voiture à la demande. Le véhicule, qui appartient à l’association, est disponible dans des emplacements réservés et les adhérents peuvent l’emprunter en fonction de leurs besoins. La facture est liée à la taille de la voiture et au kilométrage réalisé. À partir de 10 adhérents, dans un quartier ou dans une ville, Auto’trement peut ouvrir une station.

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